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MON PREMIER STAGE !

mon premier stage

Dans cet article je vais vous parler d'un cadeau que ma femme m'a fait pour mon anniversaire : un stage. Mais pas n'importe quel stage...! Le travail manuel et l’assemblage par queues d’arondes.
 
Au fur et à mesure des années, le travail du bois a pris plus d'importance et ma technicité s'est renforcée. La chance d'avoir un métier autre qui fait vivre sans devoir dépendre d'un carnet de commande fait que j'ai pu progressivement m'équiper en outils électroportatifs, en machines d'atelier et divers outils manuels. Mon gain d'expérience s'est plus porté sur l'utilisation de machines. J'ai souvent exprimé du regret de n'avoir pas suivi une autre voie et de n'avoir pas eu d'apprentissage du travail manuel. J'ai toujours éprouvé de l'admiration pour la maitrise du travail manuel quel que soit le domaine d'ailleurs. Bien entendu, je me suis débrouillé seul pour "apprendre" à utiliser les principaux outils manuels d'un menuisier mais sans jamais être à l'aise ou serein (ou efficace !). L'ère YouTube m'a permis (entre autres media) d'apprendre notamment à utiliser un racloir, le préparer et le manier (avec de l'expérience, des échecs et de l’obstination car une vidéo ne fait pas tout).
 
J'en reviens donc à cette idée géniale qu'a eu ma femme de m'offrir ce stage qui a été concocté par Christophe Chemin de Normandy Tonewoods. Les échanges ont permis d'affiner le thème et vous l'aurez compris, il a été question de l'utilisation des outils manuels. J'ai ainsi eu l'occasion de passer deux jours avec Christophe avec pour objectif de fin de stage de produire un vide poche assemblé par queues d'arondes en utilisant exclusivement des outils manuels.
 
Pour ceux qui ne savent pas à quoi correspond un assemblage par queues d'aronde, je vous invite à vous reporter à la photo du vide poche terminé à la fin du stage et visible en couverture de cet article (elles sont visibles sur les côtés). Plus précisément, la queue d'aronde est un type de liaison mécanique entre deux pièces. Elle se compose d'un tenon en forme de trapèze d'angles plus ou moins prononcés dans l'une des pièces et d'une rainure de même forme dans la seconde pièce pour permettre un emboitement dit "parfait". Il s'agit d'un assemblage tout autant mécanique qu'esthétique. En effet, d'autres assemblages nous ont envahis plus récemment dans l'histoire et il devient très rare d'en voir sur des productions du commerce voir plus du tout quand il s'agit de mobiliers industriel. Cet assemblage a été remplacé également par l'utilisation de vis et autres fixations mécaniques, mais je ne m'étendrais pas pas là-dessus. Un assemblage a aujourd’hui moins de vocation esthétique (il est caché) mais répond à une contrainte de rendement et de coût ce qui n’est pas possible avec les queues d'arondes. Si vous cherchez dans votre mobilier la plus grande chance d'en trouver serait au niveau de tiroirs, rarement en façade et en plus dans le cas où vous auriez conservé un vieux meuble !

Quoi qu'il en soit, j'ai toujours eu beaucoup d'admiration et d'attirance pour cet assemblage. Simple (ce n'est pas une clé japonaise comme la nejiri arigata) et efficace si elle est bien réalisée, c'est un basique de l'apprentissage du travail du bois. Je trouve que c’est une technique qui apporte une noblesse à l’objet fini, un esprit racé et authentique. La maîtrise de cet assemblage demande de l'apprentissage et comme me l'expliquais Christophe, il est nécessaire de maitriser plusieurs techniques de travail manuel mettant en œuvre le traçage, le report de tracé, le sciage (attention je parle pas de débit mais bien de découpe précise avec un angle et une profondeur définis), le travail aux ciseaux à bois avec et sans maillet, le contrôle qualité avant montage, le collage et l'assemblage final. Toutes ces étapes ont chacune une importance cruciale dans le sens où il faut être juste, sans aucune marge d'erreur pour atteindre le montage idéal. Etant relativement débutant, Christophe m'a également appris qu'avant d'atteindre l'idéal, il y a un minimum en terme de qualité qui est acceptable et qui permet d'aboutir au résultat souhaité en mettant en œuvre des techniques de "rattrapage" (pas de triche, pas de masquage de travail bâclé mais plutôt de la rectification à certaines étapes). Et c’est aussi cela que j’ai appris dans le but de ne pas gâcher la matière première et le temps de travail.

En effet, si cette technique manuelle est de plus en plus délaissée c’est qu’elle demande du temps (surtout en étant débutant !). Je dirais qu’il y a un facteur 5 à 10 entre le temps passé à réaliser cet assemblage et celui passé à réaliser un assemblage vissé moderne. Je suis donc arrivé un samedi matin gonflé à bloc, avec l'envie d'apprendre et d'avoir des réponses à beaucoup de questions. Je le précise car j'ai posé beaucoup de questions à Christophe qui a passé autant de temps à répondre avec pédagogie et intérêt ce qui a donné lieu à un sprint en fin de stage pour terminer ! En arrivant, Christophe m'a montré un exemple de vide poche qu'il avait réalisé et que j'aurais à faire (pas de pression ressentie à ce moment-là !). Les différents éléments étaient préparés mais pas finalisés en terme de dimensions etc. Disons que le travail de sélection des éléments constitutifs était fait. Christophe m'a proposé de travailler sur un vide poche constitué d'une base en frêne, de côtés en noyer avec du wengé pour les baguettes de finition sur le dessus et du cuir à l'intérieur. Les bois ont été choisi pour leur esthétique et aussi pour leur facilité en terme d'approche du travail manuel. Certains bois sont très durs à raboter par exemple (le Movingui j’en ai fait l’expérience sur un coffre de mariage ! des fibres dans tous les sens !), d'autre sont trop tendres et marquent facilement toute erreur. C'est la première fois que je travaillais sur un bois que j'aime beaucoup pour son veinage, ses teintes, son touché et son odeur : le noyer ! En dépit de la pression j'étais très content de ce début de stage mais en même temps inquiet d'être à la hauteur et de bien faire. Peur aussi de ne pas tout retenir précisément bref, un peu d’appréhension quand même ! Et ce qui change avec un stage personnalisé dispensé par un passionné c'est la transmission d'un savoir-faire mais le tout en partage de passion ce qui change considérablement la donne. Nous avons donc commencé le stage et la première étape a consisté à observer le bois, comprendre comment il est constitué, dans quel sens vont les fibres (ceux qui ont raboté contre fil comprendront) et le tout en faisant attention à l'esthétique de sorte d'avoir la plus belle face visible et donc à l'extérieur de l'objet. La seconde étape a été l'identification à la craie des pièces dans le but de figer le montage et ne pas se reposer les mêmes questions plusieurs fois sur le morceau à choisir à l'étape suivante etc. Rien que ces deux étapes ont changé mon approche et m'ont apporté énormément. Je le faisais un peu et Christophe m'a expliqué à coup d'exemples et de contre-exemples les conséquences et l'utilité de chaque action. La force d'un stage tel que celui-ci est d'apporter au stagiaire l'expérience, l'optimisation du temps de travail et la simplification à l'extrême d'un projet tout en acquérant de la technicité.

Les 4 côtés ont ensuite été mis à dimensions à la scie à dos. J'ai donc là aussi pu me rendre compte de mes erreurs dans la manipulation de cet outil que je connaissais pourtant pas mal. J'ai commencé par me rendre compte de l'adage "plus tu mesures moins tu es précis" ! Nous avons alors enfin abordé les queues d'aronde et j'ai pu apprendre à utiliser une équerre à queue d'aronde, un tranchet pour marquer précisément (bien plus qu'un crayon), une presse pour bloquer le bois travaillé, la scie à dos et la position du corps en conséquence, pour finir par le ciseau à bois (les questions d'affutage ont été également vues mais pas pratiquées car je connaissais dans les grandes lignes). Christophe m'a quand même appris plusieurs astuces que je ne connaissais pas ! Une fois les assemblages des 4 faces finis la journée s'est achevée par leur collage. Et j'en ai même appris sur ce sujet que je pratiquais pourtant régulièrement à coup de nombreux serre joints (et d’injures envers leur manque de qualité) ! L'astuce visant à utiliser des chambres à air pour maintenir l'ensemble en pression répartie uniformément et d'équerre m'a donné envie de démonter mon VTT en rentrant pour le rendre plus utile qu'il ne l'était ! J’ai trouvé cette astuce géniale ! J’en connaissais d’autres comme tout le monde mais celle-ci est absolument à tester ! Le second jour de stage, j'ai appris à utiliser le rabot surtout dans une configuration qui me semblait impossible : en bois de bout mélé à du bois de fil tout comme sur le bord supérieur des 4 faces dans le but d'arriver à un "dessous" et un "dessus" de niveau. La difficulté est que dans cette configuration il faut travailler avec des fibres dans un sens et dans un autre, avec la fragilité des faces perpendiculaires (éviter l'arrachement qui serait visible), bref, beaucoup de nouveautés et un résultat qui m'a scotché ! Nous avons fait un point sur l'utilisation du racloir qui est un outil que j'aime beaucoup utiliser et là j'ai pu revoir sa préparation et son utilisation. Cet outil permet d'éviter l'utilisation de ponceuse bruyante et générant beaucoup de poussière pour un résultat de surface permettant d'aborder la finition, le pied ! Ça reste physique comme le reste mais extrêmement satisfaisant. J'ai pu apprendre à rectifier certains défauts issus d'imprécision lors de la préparation des queues d'aronde et sans utiliser de pâte à bois ! Je passerais sur l'utilisation avec parcimonie du pistolet thermique pour accélérer le temps de séchage de certains collages (pas tous !) ainsi que sur l'assemblage des 4 faces sur le support en frêne pour arriver aux baguettes de finition en wengé visible sur le dessus des 4 côtés du vide poche et collées façon encadrement. J'ai pu apprendre une super technique ! Inutile de procéder à une découpe préalable à 45° pour assembler et coller ensuite. Là encore moins de mesure, plus de précision ! Préparation de la première baguette directement à son endroit de destination qui est alors collée puis chaque autre baguette est préparée en faisant un report de l'angle de la baguette précédente, découpe à la scie à dos et ajustage au ciseau à bois avec une extrême précision que j’ai pu acquérir et reproduit aujourd’hui dans mon atelier. Ce dernier montage type encadrement est difficile à expliquer par écrit mais je l'ai fait plusieurs fois depuis pour un résultat parfait sans aucune mesures de distance ou d'angle ! A chaque étape et pour chaque utilisation de nouvel outil, Christophe m’expliquait le choix de l'outil, son utilisation, me montrait comment l'utiliser et me laissait faire en corrigeant les défauts et en expliquant pourquoi j'obtenais un défaut etc. Ça parait bête et presque drôle expliqué comme ça mais en pratique c'est ce qui m'a permis « d'imprimer » et de me rappeler une fois dans mon atelier. A ce même moment, je m'occupais d'agrandir mon atelier à la maison et je savais que je ne pourrais pas mettre en pratique avant 2 à 3 semaines mais tout est bien revenu ! J'ai fait un essai à la va-vite sur des chutes à peine préparée qui s'est avérée catastrophique comme il fallait s’y attendre mais j'ai pu comprendre pourquoi au fur et à mesure et le premier essai avec objectif de produire un objet qui serait proposé à la vente fut une réussite (de mon point de vue bien sûr !). Je suis reparti du stage chargé de beaucoup d’apprentissage sur de nombreux aspects. J’en ai retiré l’envie de produire bien plus sans machine et surtout j’ai aujourd’hui bien plus confiance dans mes réalisations et peut oser produire des choses que j’imagine et qui m’étaient hors de portée avant. Je me tiens à votre disposition pour échanger sur ce sujet via le site ou les réseaux sociaux ou directement ! Si vous souhaitez avoir des renseignements sur le stage je peux aussi vous mettre en relation avec Christophe. Je vous encourage à franchir sa porte ou celle de tout autre passionné pour vivre cette expérience si ce n’est pas déjà fait ! Rien ne remplace un stage comme celui-ci ! Merci pour votre lecture.

réalisation d'un vide poche assemblé par queues d'arondes

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